La mort du super-héros
Entre 2008 et 2019, Marvel a sorti 22 films qui ont culminé avec la fin spectaculaire de la saga Infinity dans Avengers Endgame (2019), un film qui a marqué l'apogée du succès critique et commercial du genre des super-héros et semble marquer son immortalisation en tant que force culturelle qui est là pour rester. Cinq ans plus tard, Marvel a produit 20 projets et en a 24 de plus à la fin de la décennie, élargissant l'univers fictif dans une quantité préjudiciable à sa qualité. Avec l'échec dramatique au box-office de The Marvels fin 2023, la pire ouverture cinématographique de tous les films du MCU, et les critiques décevantes, les coûts de production énormes et la mauvaise qualité des CGI de Secret Invasion et She-Hulk, les super-héros de Marvel sont devenus une collection d'une formule lucrative qui s'effondre sous son propre poids et semble destinée à s'effondrer.
Cherchant à comprendre comment le super-héros a été poussé à son point de rupture, j'ai revu le dernier film de super-héros que j'ai vraiment apprécié, Logan (2017) de James Mangold et j'ai voulu comprendre ce qui le distingue des films d'aujourd'hui. Pour commencer, il s'agit d'un thriller graveleux classé R qui voit Wolverine (Hugh Jackman) naviguer dans un monde dystopique hostile pour mettre un jeune enfant en sécurité, une différence frappante avec le contenu de super-héros à indice d'octane élevé et adapté aux familles que nous reconnaissons chez Marvel aujourd'hui. Cependant, sa véritable force réside dans la manière dont il fait référence au genre western et présente la fin tragique des 17 années de carrière cinématographique de Jackman dans le rôle de Wolverine comme la mort imminente du super-héros authentique. Mangold fait regarder aux personnages des extraits du grand western spaghetti Shane (1953) de George Stevens et intègre d'autres motifs western reconnaissables pour aligner le super-héros moderne sur l'âge d'or des cow-boys cinématographiques, une icône culturelle qui est rapidement devenue une formule. Alors que c'est entre les années 1960 et 1980 que le genre du western spaghetti est devenu une masse sursaturée et oubliable de personnages et de clichés standardisés, les films de super-héros sont devenus si courants que les rôles de leurs héros ont également cessé d'avoir une signification déterminante.
Acquis par Disney en 2009 pour faire partie du conglomérat médiatique de Bob Iger, Marvel et ses héros ont été séparés de leurs origines authentiques en tant qu'histoires uniques dessinées à la main et transformés en un produit qui, au cours des 20 dernières années, est devenu la franchise cinématographique la plus rentable. De nouveaux personnages pourraient être introduits, comme c'est le cas pour The Marvels et Madame Web (2024) et de nouvelles histoires pourraient être racontées, mais du fait qu'il s'agit de films de super-héros, ils ne peuvent échapper aux clichés et aux tropes de personnages qui les rendent prévisibles. Lorsque l'intérêt du public diminue, le récent concept de multivers de Marvel signifie qu'ils peuvent recourir à des versions alternatives des ventes garanties, permettant aux super-héros les plus populaires de tromper leur mort cinématographique permanente et de marquer leur immortalisation comme une simple formule financière pour augmenter les vues et maintenir la pertinence.
Qu'il s'agisse de rebooter des personnages disparus comme Black Widow de 2021 ou d'histoires terminées comme les rôles de Toby Maguire et Andrew Garfield dans Spider-Man : No Way Home de 2021, les super-héros ont sacrifié leur authenticité pour devenir des produits. Pour revenir au Logan de Mangold, cette mort de l’authenticité, ou de l’unicité et de l’individualité du genre des super-héros, fait partie intégrante de sa fin. Ici, le rôle de super-héros le plus long de Jackman se termine par sa mort aux mains d'un clone plus jeune et amélioré par CGI de lui-même, un héros authentique mourant aux mains d'une version sans âme et dupliquée de lui-même qui reflète la façon dont l'authenticité des personnages de Marvel est tuée par la création constante de versions plus récentes.